DICHARIA: Ayoù tu viens ? Sorry.
VEGA: Je travaille p’us. Je suis retired. Quand quelqu’un a 82 (quatre-vingts-deux) ans, ça [devrait] arrêter de travailler.
VEGA: Tous les jours, je parle tous les jours en français avec mes amis because les amis de mon âge, ça c’est ça qu’eux-autres parle, français. Là, ces jours au magasin, on va parler en anglais.
VEGA: Okay. Là, ça c’est ma [Grâme]. Okay. Ma Grâme s'appelait Joséphine et son mari, c’était Napoléon. So Joséphine et Napoléon sortait ensemble et ç’a décidé de se marier. Et pour se marier, il faulait que eusse va à Thibodaux pour chercher une licence. Là, c’était à peu près 50 (cinquante) ou 60 (soixante) milles de la maison, du Cut Off, pour [aller] à Thibodaux. So, ça y’eux a pris deux jours pour aller. Eusse a été en boghei et cheval. Équand ç’a arrivé à une place qui s’appelle LaFourche Crossing, elle avait des parents qui restaient là. Ç’a resté coucher et le lendemain, eusse a été à Thibodaux. Eux-autres a apparu au juge qu’eusse voulait une licence et le juge dit, “Okay.” Il dit à Joséphine, “Joséphine, t’as été mariée?” “Non,” elle dit. “J’ai jamais été mariée.” “Okay,” il dit. "Napoléon, t’as déjà été marié?” “Oui. J’ai été marié,” il dit. “Ma
femme est morte de la fièvre jaune.” Et le juge dit, "Napoléon, équand c’était qu’elle est morte?” “Oh, onze mois.”
VEGA: “Toi,” il dit. “Va t’en et viens pas back ici avant qu’il est un an et un jour. Pas de licence.”
VEGA: Et ça y’eux a pris un autre deux jours pour s’en aller. Ç’a pris quatre jours sur le chemin: deux jours pour arriver à LaFourche Crossing; il faulait que ça reste coucher et là, le lendemain s’en aller. So Joséphine dit, “Napoléon.” Elle dit, “Dis-moi pas que t’as changé ton idée.” “Non,” il dit. “J’ai pas changé mon idée. Je vas te marier.”
VEGA: [crosstalk] la musique. Okay. So, il était un maître de bal. Well, il était veuf. So, il pouvait p’us être maître de bal.
VEGA: So, là, il s’a mis à travailler dans les cannes, à couper des cannes. Il aimait ça. Il aimait faire l’habitation. Il aimait travailler dans la terre, planter des cannes, couper les cannes. Il aimait cet ouvrage. Il aimait assez l’ouvrage qu’il s’a acheté un morceau de terre et il s’a mis à planter des cannes pour lui-même. Et plus qu’il faisait, [inaudible] un morceau de terre avant le voisin de sa terre, il l’a acheté. Et dans ce temps-là, c’était à peu près 50 (cinquante) piastres l’acre pour un morceau de terre. Et plus qu’il achetait et plus que c’était et plus et plus. So,
Joséphine y donnait la main. Et plus qu’il y avait des travaillants plus qu’il faulait qu’eusse … elle faisait le déjeuner pour les travaillants. Eusse se levait bon matin.
VEGA: [7:47] Si tôt que le soleil était commencé. Le soleil était levé. Ils avaient une grosse grègue de café. Ils se prennaient un gros morceau de pain qu’elle avait fait dans le four. Okay, un four, c’est pour que tu fais, tu cuis du pain là-dedans. Et c’est fait avec de la boue et de la mousse. Okay. So, c’était juste le commencement: juste un goût de café avec deux morceaux de pain. Là, les hommes, les travaillants allaient … eusse arrangeait les chevals, tout ça qu’eusse avait besoin pour commencer la journée. Eusse a filé les couteaux pour couper les cannes, tout ça qu’eusse avait besoin. Là, à huit heures, huit heures et demie dans ce temps-là, elle avait fait un gros déjeuner. Elle avait cuit des œufs, des patates, du lait, du café, du café au lait, du pain, tout ce qu’eusse voulait. Elle sonnait une grosse cloche. Tous les travaillants [venaient pour manger]. Tout le temps elle disait que son stove était trop petit. Son stove, c’était un stove à bois. Il y avait juste quatre trous. Si elle aurait un plus gros stove, elle pouvait cuire plus vite. Ben, une journée, si ça s’a donné qu’elle a été au magasin. Elle a vu ce beau stove. Il y avait six trous, six trous pour cuire.
VEGA: So, elle dit à son mari elle avait besoin d’un nouveau stove. Il aimait pas dépenser son argent. Il était chisse. Il voulait plus dépenser son argent pour acheter de la terre. Elle a espéré une semaine. Il a pas acheté un nouveau stove. So, au but de deux semaines, elle a été dans le magasin à [Marie]. Elle a remplit son tablier avec, tu connais, du maïs, the corn cob.
VEGA: Elle a mis son tablier plein de corn cobs.
VEGA: [Je vais raconter] ça en espérant. J’avais une tante. C’est un drôle de nom. J’avais une tante, la sœur à mon Pape. Elle s'appelait Louisiane, Louisiana. J’avais une sœur à ma Mame. Elle s’appelait Florida, Florida. Puis, j’avais une grand-grand-mère. Elle s’appelait America, America. [laughs]
VEGA: Okay ? Et il y avait plein du monde qu’avait des mals au dent. Il y avait pas de dentiste. So un jour, il a pris le … un catalogue que tu pouvais écrire [et lire]. Ils [y’eux donnaient dans] la malle. C’était le Sears Roebuck.
DICHARIA: [laughs] VEGA: [laughs] You know ? DICHARIA: [laughs]
VEGA: Dans le Sears Roebuck catalog, tu pouvais tout acheté, ça que tu voulais pour être docteur ou dentiste. So il s’a ordonné une pince pour [un docteur des dents].
VEGA: [13:16] … le corps et ils ont arraché les dents avec pas arien pour endormir, peut-être un coup de whisky. That was it.
VEGA: Et une de les filles, elle a eu un petit bébé. Équand elle a eu le petit bébé elle [avait honte]. So, Joséphine avait 50 (cinquante) ans. Elle a pris le petit bébé. Elle l’a élevé jusqu’à ce que la petite fille s’a marié et eu des enfants.
VEGA: A 50 (cinquante) ans, elle a pris un tout petit bébé. So, elle disait tout le temps “J’ai eu 12 (douze) enfants. J’ai eu 11 (onze) enfants. But j’ai élevé une douzaine.”
VEGA: [14:55] … 200 (deux cents) ou plus, c’était un habitant. Si t’avais 100 (cent), mais pas 200 (deux cents), 100 (cent) arpents ou moins, c’était une habitation, une petite ferme, a plantation and a farm. A farm was a hundred acres and a plantation was two hundred or more. DICHARIA: Oh. Dang.
VEGA: Eusse avait, Joséphine et Napoléon avait une habitation, a plantation.
VEGA: Okay. Là, quand ça coupait les cannes … là, les cannes … là, ils pouviont [élever] plein de cannes. La terre, ils ont acheté de la terre. Ils coupaient des cannes et tout ça. Son habitation est gros. So, des fois, il faulait qu’eusse coupe les cannes. Ils amenaient ça dans un wagon. Et eusse les pesait. Eusse les mettait sur une berge dans le bayou. Tu vois, il y a un bayou qui passe [crosstalk]
VEGA: Bayou Lafourche. Là, sur le bateau … il y avait un bateau qui halait la berge et qui venait amener ces cannes-là à la facterie, à la sucrerie, sucrerie, sucre, ayoù-ce qu’eusse faisait le sucre. Okay ? Sucrerie. So, il faulait que ça passe à un pont. So, si c’était dans la nuit, eusse [a pris] le bateau. Ça halait. Équand ils arrivaient au pont, il faulait que le pont ouvre. Okay ? Well, au long du pont, il faulait qu’il prend un fanal. Ils allaient mettre sur [inaudible] du chemin, sur le côté. Et sur le [but] du chemin, l’autre côté --
DICHARIA: Oh. [laughs] VEGA: Ça, c’était le stop light. DICHARIA: [agrees] Oh, dang. VEGA: [laughs]
VEGA: Okay, allons voir quelque chose d’autre. Une année, ma grande-[nièce] a fait assez [d’argent], ç’a fait une belle récolte. Ç’a fait mille tonnes de canne, one thousand tons of sugarcane. Mais, il faut que tu connais que ça, c’était tout [fait] à la main.
VEGA: Okay. Oh, elle était so proud. Son mari, aussi, était fier --
VEGA: … fier d’eux [qu’ils ont fait autant]. Ç’a fait assez d’arpents. Ça vendait les cannes une piastre pour la tonne. Eusse avait mille tonnes. So, ça fait mille piastres, one thousand dollars.
so il faisait pas rien que l’autre monde eusse pouvait user. Il avait un radio.
VEGA: Okay ? Pas d'électricité. À la batterie. Il avait pas d'électricité. L'électricité a passé dans 1937 à Cut Off.
VEGA: Okay ? So là, pour attendre ce radio-là, il mettait le radio. Il avait deux --
VEGA: [20:08] … plus ses oreilles. Juste lui qui pouvait l’attendre. So, lui, il attendait le radio et là, il a annoncé à le monde qu’était là, qui se calait de là-bas. Il y’eux disait, “Oh, les nouvelles ! [Il va mouiller] aujourd’hui! Et là, il va mouiller demain, pas aujourd’hui !” DICHARIA: [laughs]
VEGA: Il aimait plein. Ça, c’était plein. Aujourd’hui, c’est des football game. Mais dans le vieux temps, c’était des boxes qu’étaient la meilleure chose pour qu’un homme guette. So ça, c’était --
VEGA: … the favorite !
VEGA: Okay ? Boxer, c’était l’affaire qu’eusse aimait guetter. Okay ? Well, eusse pouvait pas aller en Ville guetter un boxe, so il empoigné ça sur ce radio et les hommes venaient et ç’assissait tous dans le salon ayoù-ce que le radio était.
la main gauche !” [laughs] Et c’est comme ça que le monde attendait le game, le game de boxe.
VEGA: Eusse pouvait pas voir. Eusse pouvait pas l’attendre. But, il y’eux donnait [crosstalk]
DICHARIA: That’s crazy. VEGA: But it happened ! DICHARIA: [agrees] Yeah. VEGA: It was the truth.
DICHARIA: [He had] some headphones in --
VEGA: … just the one on his [crosstalk]
VEGA: [21:55] And he would announce to his friends. He would invite his friends and say, “Now listen. They’re gonna have a big box,” because he would listen to the news on the -- DICHARIA: [agrees]
VEGA: … “A big boxing match coming up,” such and such date. They’d all come to his house --
DICHARIA: [laughs] No, I can’t, honestly.
VEGA: Like, “Get out of here !”
VEGA: [laughs] Okay. But that’s the truth. You know ?
VEGA: Pull it. I have some little notes there so I can think of things. Et elle avait … Joséphine était chanceuse. Elle était … elle a travaillé plein. Elle a donné … elle a [amené] son mari à travailler. Elle cuisait tout ça, but elle était chanceuse. [Il] achetait, comme -- DICHARIA: [agrees]
VEGA: [24:49] … prendaient au septième: première grade, deuxième, troisième grade, quatrième, cinquième, sixième, sept. [whistles] No more.
VEGA: Pas de high school. So, c’est temps qu’eux-autres ait un high school, une grande école pour que nos enfants graduent et qu’eusse soit plus smatte.
VEGA: So, le school board, ça qu’était en charge --
VEGA: Okay ? So, Napoléon, [il a été] au meeting et des [Defilice] a été, [il a venu] au meeting. Les deux [couples] et les petits, il y en autre. Je me rappelle pas. Cinq hommes qu’avaient de la terre --
VEGA: … qu’eusse voulait acheter avec. Well, personne voulait vendre leur terre. Oh, non ! C’était leur gâteau, la terre ! You know ?
VEGA: Plus de terre que t’avais, plus que tu pouvais planter des cannes et plus d’argent tu pouvais faire. Well, personne voulait vendre leur terre. So, Napoléon a dit, “Moi, je vas vendre un morceau de terre.” Okay ?
VEGA: [26:16] “But, il faut que t’engages mon garçon. Mon garçon [a un] [inaudible] de la livraison. Mon garçon veut être janitor de l’école.” Okay.
VEGA: Un barguine. Dans 1917 --
VEGA: … eusse a fait l’école. Ils ont ouvert l’école. Puis, il était janitor. Il a été le janitor until 1955.
VEGA: Yeah. So, ça c’était un barguine.
VEGA: [laughs] “Si tu engages mon garçon pour le janitor, je vas vendre mon morceau de terre.” [laughs]
VEGA: Il y avait une guerre between the states.
VEGA: [27:55] “Venez dans la guerre avec nous-autres!” Il [l’a paqué] sur le cheval et [s’en allait]. So, ma Grâme, elle avait trois sœurs et un frère. C’était … dans la famille, c’était quatre filles et un garçon.
VEGA: Les filles voulaient pas. Les filles voulaient que ça y’eux donne une dans la maison. So, un jour, eusse a eu une nouvelle que les soldats s’en venaient pour la guerre et eusse approchait dans la côte et ça prendait juste un jour. So, ça préparait. Dans la cour, il y avait un vieux bois. Il était creux.
VEGA: Eusse a pris un [creux] de bois et eusse dit, “Quand les soldats vont venir, nous-autres, on va mettre notre frère là-dedans.” So, eusse a eu une nouvelle que les … le
lendemain matin, les soldats étaient dans la côte. So, le frère à Joséphine s’a mis dans le creux de bois et ça lui a mis les vieilles branches --
VEGA: “Il est dans la prairie. Il est après donner la main à notre Pape. Eusse est dans la prairie. Ils sont après travailler parce que, bien vite, [eusse savait] qu’il faut qu’eusse piège. Eusse est après faire les traînasses.” “Oh.” “Allez !” elle dit. “Allez ! Allez ! Allez dans la prairie. Vous-autres va le trouver.” “Non ! [On] a pas le temps. So, dis-lé quand il va déboucher de venir nous joindre.” “Okay !” Et eusse a parti.
VEGA: Il était dans le creux de bois. [laughs] So, il avait [pas] été en guerre.
VEGA: Okay, [inaudible]. Anyway, ma grand-mère a vi jusqu’à elle avait 95 years old.
VEGA: … comment je t’ai dit avant, elle avait des parents qui restaient à Lafourche Crossing. So un jour, elle était petite --
VEGA: … elle était peut-être 10 (dix) ans. Elle et sa mame avait été voir les parents à Lafourche Crossing et son nonc a venu. Il dit, “Je suis parti en Ville.” Eusse est … [il est halé] sur la gazette que le père, il l’a … [ils ont] confirmation, a confirmation. They’re having a big confirmation. So, il dit, “J’amène ma petite fille et je vas amener Joséphine.” So, Joséphine a embarqué sur le char à vapeur. Eusse a parti de Lafourche Crossing et eusse était en Ville. Ç’a fait leur confirmation --
VEGA: … dans la cathédrale, in St. Louis Cathedral.
VEGA: [laughs] … no classes or nothing, they just left --
VEGA: … and they did their confirmation in the St. Louis Cathedral.
VEGA: … and le soir après, eusse a revenu.
VEGA: So, ma Grâme a fait sa confirmation dans la cathédrale. J’ai été baptisée dans la cathédrale et [Adrienne] s’a marié dans la cathédrale. [laughs] So, that’s it.
DICHARIA: I actually … I finished asking the questions, but … well, merci de me parler.
They appeared before a judge they wanted to get a license from and the judge says, “Okay.” He says to Joséphine, “Joséphine, are you married ?” “No,” she says. “I’ve never been married.” “Okay,” he says. “Napoléon, have you ever been married ?” “Yes. I’ve been married,” he says. “My wife died from yellow fever.” And the judge says, “Napoléon, how long has it been since she died ?” “Oh, eleven months.”
VEGA: So, then, there was, in French we call it “un maître de bal.” Okay.
VEGA: [crosstalk] music. Okay. So, there was a maître de bal. Well, he was a widower. So, he could no longer be the maître de bal.
VEGA: [7:47] As soon as the sun started rising. The sun had risen. They had a big pot of coffee. They got themselves a big piece of bread that she had made in the oven, le four. Okay, un four is what you bake bread in. And it’s made with mud and moss. Okay. So, that was just the beginning: just a taste of coffee with two pieces of bread. Then, the men, the workers went… they got the horses ready, all the ones they needed to start the day. They sharpened their knives for cutting cane, all the ones they needed. Then, by 8:30 a.m. she had made a big lunch. She had cooked eggs, potatoes, milk, coffee, café au lait, bread, everything they wanted. She’d ring a big bell. All the workers would come in to eat. She always used to say her stove was too small. Her stove was a wood stove. It only had four spaces for cooking. If she had had a bigger stove, she could have cooked faster. Well, one day, if she happened to go to the store. She saw this great stove. It had six spaces for cooking.
VEGA: [10:16] She went. She put them on the stove. The stove was full. She lit a match. The stove caught on fire. The stove was hot, hot, hot. She grabbed a bucket of water and tossed it right on the stove. The stove broke. Craque !
VEGA: I’m going to tell this one while we wait. I had an aunt. She had a funny name. I had an aunt, my dad’s sister. Her name was Louisiane, Louisiana. I had my mom’s sister. Her name was Florida. Then, I had a great-grandmother. Her name was America. [laughs]
side --
them a week to go to New Orleans. [laughs] [coughs] It would’ve taken them a week to go to New Orleans. [laughs] It was too difficult. [laughs]
“Go ! Go ! Go out to the prairie. You’ll find him.” “No ! We don’t have time. So, tell him when he’s free to come join us.” “Okay !” And they left.
Joséphine got on the steam train. They left Lafourche Crossing and they went to New Orleans. They were making their confirmation --